Anton Cipriani;

Cierra, la douce.

Maitrise-toi Anton. J'entendais tellement de fois cette phrase qu'elle s'était imprimé dans sa cellule de mon corps, scintillant d'un éclat ardant chaque fois que je manquais à cet ordre. Aujourd'hui, tel était le cas. Une journée qui aurait du s'annoncer normale et tranquille mais qui visiblement ne s'annonçait pas sous les meilleures hospices.

« Jus de chausettes... » grommelais-je en reposant d'un coup sec ma tasse de café.

C'était à coup sûr Zelinda qui s'en était occupé pour faire plaisir à tout le monde, malheureusement ma soeur ne savait pas se servir correctement de la théière. Ce n'était surement rien, mais je détestais cela. Et bien sûr, elle n'était pas là. Je n'avais donc pas le loisir de pouvoir me disputer avec elle. Cette dernière avait tellement de répartie qu'elle avait le don de me calmer, ainsi que celui de me faire rire. Heureusement qu'elle ne m'en voulait pas de s'en prendre à elle sans vraiment de raison, elle avait l'habitude. Je jetais le contenu de la tasse dans l'évier avant de rincer l'objet et de le poser sur l'égouttoir en soupirant.

« Je sors » lançais-je à la volée en traversant le salon où se trouvait mon père ainsi que Samuele en grande discussion.

Ce dernier ne releva même pas la tête mais je pus sentir le regard brulant du patriarche dans mon dos. S'il avait pu me geler sur place, il l'aurait fait sans hésiter. Mais il ne dit rien et j'attrapais ma veste avant de sortir dans l'immense cours de la villa où j'avais garé ma voiture, un beau petit bijou que je venais d'acquérir. Le regard brillant, je m'attardais à faire glisser ma main sur la carrosserie. C'était con mais j'aimais ça.

Lunettes vissées sur le nez, je sortais en trombe de la propriété faisant galoper avec force les chevaux qui se cachaient sous le capot. L'on pouvait m'entendre arriver de loi et je voyais déjà les regards réprobateurs des vieillards qui fumaient leurs pipes sur leur banc en bois, j'aimais ça. Et pris dans mes réflexions sans importance, je ne faisais plus attention à la route que je connaissai de toute façon par coeur. Si bien que j'appuyai sur le frein avec un train de retard.

« Fais chier. » lâchais-je en tapant sur mon volant avant de détacher ma ceinture pour sortir.
« Vous êtes pas un peu malade de vous jeter sous mes roues comme ça? » demandais-je ensuite alors que je passais vers l'avant du véhicule.

Mauvaise foi quand tu nous tiens. Je roulais bien au delà de la limite autorisée, mais c'était toujours plus simple de reporter la faute sur les autres. Sur une jeune femme cette fois-ci. Le principal étant qu'elle ne soi pas morte vu qu'elle me parlait.

« Rien de cassé? » demandais-je sur un ton plus doux cette fois-ci en m'agenouillant à côté d'elle.

Elle me regardait d'un drôle d'air, ses jolis yeux bleus ne cessant de papilloner dans tous les sens pour revenir vers moi. Elle semblait terrifié, peut être même fasciné. J'avais beaucoup de mal à cerner toute la palette d'émotions qui se dessinaient sur son visage. Je ne pu m'empècher d'étouffer un rire. Un ange déchu, voilà à quoi elle me faisait penser. Elle pouvait avoir n'importe quoi que cela en devenait presque passable au vu de la tête qu'elle faisait.