Petites magouilles et grande complicité

J’entrouvrais la porte légèrement sans prendre la peine de frapper, passant juste la tête par l’entrebâillement. J’avais visé juste, Zeli était là. Sans Luca. Tant mieux pour elle, sa journée était toute tracée à présent, elle allait pouvoir profiter du beau gosse de la maison. Je souriai. Je ne savais même plus comment cela avait commencé, elle n'était pas très agée, à peine quelques années. Je me rappellais juste de ses supplications incessantes jusqu'à ce que j'accepte après l'avoir découverte caché dans le coffre de ma voiture lors d'une opération délicate. Depuis je l'impliquai dans quelques combines sans pour autant lui donner des tâches trop importantes, il ne fallait pas l'âbimer quand même.

« Prépare toi, je t’embarque dans deux minutes » dis-je doucement en entrant complètement dans la grande chambre, refermant la porte derrière moi. « Pas de tenue voyante s’il te plait, joue la discrète, tu vas servir » ajoutai-je en croisant les bras sur mon torse, m’appuyant contre le mur. Je connaissais bien les goûts vestimentaires parfois particuliers de Zeli et il ne fallait pas que l'attention soit sur elle aujourd'hui.

Je sentais déjà l’excitation monter chez ma petite sœur, elle adorait que je la fasse participer. Je n’aurai jamais du l’entrainer dans tout ça, c’était contre tous les principes de la famille, pas de filles. Mais Zeli n’était pas n’importe quelle fille, elle était celle que je chérissais le plus au monde et je n’avais pu résister à ses yeux de chiens battus. Mais elle était si fragile, je regrettait parfois. Mais la voir toute guilerette relayait mes regrets au second plan la plupart du temps.

« On n'a pas beaucoup de temps Zeli... » soupirai-je en regardant ma montre. « Faut qu'on parte avant que papa rentre. »

Anton se fichait pas mal que le pantalon choisi par sa sœur ai des reflets bleus, violets ou une couture flashy. Il était noir, un point c’est tout. Et ils étaient déjà en retard. « Je te dirai ça en temps voulu. » répondit Anton en sortant de la chambre, entrainant sa cadette dans le dédale des couloirs de la villa pour se retrouver au garage. Plusieurs voitures y étaient alignées et Anton en choisit une un peu moins voyante que les autres.

Ordonnant à Zeli de monter, Anton s’installer côté conducteur et démarra. « J’ai quelques papiers à récupérer, Zeli. » entama t-il alors qu’ils passaient le portail et s’engageaient sur la route menant au centre-ville. « Le truc, c’est que j’ai un inspecteur qui me suit depuis deux jours. Je ne sais pas ce qui leur prend en ce moment, mais ils sont particulièrement collants. » Ajouta t-il en jetant un coup d’œil à la dérobée à sa sœur. Il sentit son relâchement. « Je sais que ce n’est pas passionnant mais tu sais parfaitement que tu n’es pas soupçonné. Après, je t’emmènerai peut être sur un vol de voiture si tu veux. Enfin… Tout d’abord. Je te dépose dans le centre, tu passes chez Silvio histoire d’acheter un ou deux magazines, ceux que tu prends d’habitude. Discutes avec lui, fais toi bien voir. Aucune remarque sur le pizzo, ce n’est pas de ton ressort. Ensuite, tu vas te prendre un truc à emporter dans un resto de ton choix. Peu importe. Tu t’installes sur la place. Tu manges tranquille puis tu prends le bus et tu vas au parc archéologique, à la fontaine. » Anton se retourna vers sa sœur pour s’assurer qu’elle suivait. Tout ce qu’il ne fallait pas faire pour récupérer quelques malheureux papiers. « Tu t’assois sur le banc bleu, après un moment, tu tâteras sous le banc. Et là, tu vas trouver une enveloppe scotchée. Tu la prends, la mets dans ton sac et tu t’en vas. Tu m’appelles, je passerai te chercher à l’entrée. En attendant, je vais voir si je peux les balader un peu. »