Della crudeltà e pietà
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Anton Cipriani
    Admin • Observez-moi de haut en bas, vous n'en verrez pas deux comme ça

Anton Cipriani


Féminin Date d'inscription : 29/03/2009
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MessageSujet: Contexte;   Contexte; EmptyDim 29 Mar - 21:59

Vingt-cinq avril mil neuf cent quatre vingt quatorze,

    Des spaghettis. De la sauce tomate. Tout ce qu’il me reste de ma Sicile adorée. En voyant la sauce rouge parsemer le menton de mon garçon cela pourrait me faire sourire. Mais dans cette teinte, ce que j’y vois ne me rappelle pas le moins du monde le goût sucré et amer de ce fruit de la terre et du soleil. C’est Tony que je vois, la bouche en sang après avoir passé un sale quart d’heure par Giuseppe, l’homme de main de mon oncle. Quand c’était Flavio aux rênes de la famille, il suffisait d’un soupçon pour gagner un rendez-vous en tête en tête avec Giuseppe. Et comme avec les jolies femmes, on finissait allongé. Entre quatre murs. Si on avait de la chance.

    Dans les premiers mois de ma planque, j’ai cru que ma vie serait la même. J’ai retenté de créer cette ambiance particulière de ce bout de Sicile où j’avais vécu toute ma vie, en tant que prince des lieux. J’ai aidé quelques amis dans leurs querelles de voisinage avant de finalement me ranger et d’enterrer cette part de mon existence avec d’autres affaires. J’avais une femme alors. Enceinte de notre second enfant. Quand les flics m’ont attrapé, ils ont juré de la protéger si je passais à table. J’ai eu beau leur expliquer que si je parlais aucun membre de ma famille ne pourrait être en sécurité. C’est assez difficile à comprendre pour les non siciliens. La famille est importante, certes et on doit tout faire pour l’aider. Aimer sa femme. Ne pas la tromper. Du moins, ne pas la tromper impunément, la salissant par la même occasion. Faire ça avec discrétion. Eduquer ses gosses. A la dure pour les préparer à l’avenir qui les attendait. La famille est importante mais pas plus que la Famille. Cette dernière passe avant le reste, peu importe le sacrifice à faire.

    J’ai trahi.

    J’entendais Matteo et Timoteo jouer avec leurs petits amis français dans la rue. Ils s’étaient rapidement adaptés à la langue et à la manière de vivre. Loin de l’indolence de mon île natale, j’avais du mal à m’adapter à cette nouvelle ville. Sans mer. Sans olivier. Sans chaleur étouffante. Et surtout, se la jouer discret. Difficile à faire quand dans une vie antérieure, on avait les rênes de la ville dans ses mains. Difficile de ne pas prélever quelques quenottes à l’égard des professeurs de ses enfants leur donnant de mauvaises notes quand on était chargé de nettoyer les inopportuns.

    Je les saluais au passage en posant une main sur leur tête, ébouriffants leur chevelure légèrement blonde héritée de leur mère. Et ces yeux bleus que je connaissais bien. Des yeux qui trahissaient l’appartenance à la Famille. Je revenais du café PMU du coin de la rue. On y avait rempli mon verre. J’avais parié aux courses, perdant plus sûrement maintenant que je ne pouvais plus fausser le jeu. On avait rigolé. Enfin ils avaient rigolé en se moquant de mon accent italien. Je correspondais au stéréotype qu’ils avaient de mes concitoyens. Ils correspondaient aux stéréotypes que je me faisais de leurs concitoyens. "Ario, ma femme me demande une pension alimentaire exorbitante. Tu peux pas m’aider en revoyant ses prétentions à la baisse ?" Je les laissais faire. Je les laissais dire.

    J’ai trahi.

    Je me dirigeais directement vers mon jardin pour m’occuper de mes hortensias. Ils fleurissaient déjà et l’odeur qui s’en dégageait était divine. Qu’avais-je pu donc enterrer là ? me demandaient souvent mes voisins, impressionnés de la taille et des couleurs de ces plantes. Je me contentais de hausser les épaules en répondant d’un petit sourire mystérieux avant de passer à un autre sujet. Il m’avait fallu trouver un autre passe temps. Quelque chose qui me permettait de construire plutôt que détruire comme auparavant. Le vent faisait légèrement frémir les feuilles alentours. Les oiseaux gazouillaient. J’entendais le crissement de freins d’une voiture qui tournait au bout de la rue, s’éloignant doucement.

    Dans ce silence urbain, un bruit particulier me fit tendre l’oreille. Je connaissais ce son. Un autre souvenir de ma Sicile adorée. Un bruit que l’on n’oublie pas de sitôt et qui si on ne le connaissait pas, on ne le remarquait pas. Je tendais l’oreille en jetant un coup d’œil par-dessus mon épaule, observant le paisible pavillon de banlieue où mon épouse vaquait à ses occupations de ménagère. Je réalisais soudain en apercevant une lumière rouge sur ma poitrine. Pour la seconde fois, le petit sifflement imperceptible résonnait à mes oreilles déçues. Et la dernière chose que je vis en m’étendant dans l’herbe verte qui absorbera le liquide chaud que je sentais s’écouler de ma poitrine était mon petit garçon accourant pour me montrer sa trouvaille.

    J’ai trahi.


Dernière édition par Anton Cipriani le Mer 19 Aoû - 0:39, édité 1 fois
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Cierra Loconte
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Cierra Loconte


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MessageSujet: Re: Contexte;   Contexte; EmptyMar 14 Juil - 21:15

Citation :
« Sujets rebelles, ennemis de la paix !
Profanateurs de cet acier souillé du sang de vos concitoyens ! ... Est-ce qu'on ne m'entends pas ? ... Holà ! Vous tous, hommes ou brutes, qui éteignez la flamme pernicieuse dans les flots de pourpre échappés de vos veines, sous peine de torture, obéissez ! Que vos mains sanglantes jettent à terre ces épées trempées dans le crime, et écoutez la sentance de votre prince irrité ! »

Le Prince - Roméo et Juliette, W. SHAKESPEARE.

    Rien de nouveau sous les étoiles.
    Les années passent. Les lieux évoluent. Les hommes meurent. Mais les tempéraments demeurent.

    Syracuse, agréable ville de Sicile au charme antique que les rayons du soleil dardant entourent d'une aura dorée et chaleureuse. Elle dispose de ce caractère typique qui peuvent attirer des nuées de touristes. Les anciens sur la place de l'Eglise posant un regard bienveillant sur les jeunes enfants s'amusant au football de leurs pieds crasseux. Les veuves noires opérant commérages les jours de marché. La volubilité des résidants auprès des jeunes et belles touristes. Et cette omertà ...

    Car oui, cette agréable ville de bord de mer n'échappe pas à sa destinée antique. Depuis cinq générations, le pouvoir ne réside pas dans les mains du maire élu démocratiquement. Pas plus que dans les directives du préfet de police qui tente d'endiguer la recrudescence des infractions à la loi comme seule la Sicile peut voir prospérer. Pas davantage que dans le portefeuille ouvert ou non des nombreux visiteurs. Non, le pouvoir est détenu par une famille. Les Cipriani.

    Citation :
    « Je ne te remercierai jamais assez de m'avoir confié cette tâche. Je suis bien arrivé. La ville est agréable. Le beau temps est au rendez-vous. Et j'ai déjà quelques contacts pour le papier que je prépare. De ce que j'ai pu rassembler pour le moment c'est que la famille est plutôt appréciée dans la région. J'ai un peu de mal à trouver des personnes pour témoigner cependant. Que ce soit en bien ou en mal. Visiblement les habitants ne souhaitent pas se mouiller et même sans faire partie de la famille, le silence est la règle. Il y a quand même des bavards. De ceux qui dès la troisième tournée ont la langue qui les démange. La famille a un code de l'honneur. Plutôt ironique non ? Je t'informe de la suite des évènements dès que j'en sais un peu plus. »

    courriel d'Andrea PIZZONI, journaliste de la repubblica, à son rédacteur en chef.

    Pas de drogues. Pas de prostitution. Pas de morts dans la mesure du possible. A l'instar des yakuzas, descendants japonais des samouraïs de jadis, la famille Cipriani tente de relever le niveau de la mafia. Loin de l'italienne décrite dans la trilogie du Parrain dont les manières d'opérer sont trop brutales pour ses distinguées membres. Eloignée des sentiments nauséeux des Sopranos qui sont mal venus pour cette fière famille sicilienne. Les Cipriani ont monté leur propre mythologie. Leur propre légende. S'accordant par là presque une odeur de sainteté. Mais tout le monde ne l'entend pas de cette oreille.
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